lundi 30 avril 2007

Ethnologie ou voyeurisme ?

Les costumes bariolés des indiens du Chiapas permettent au connaisseur de déterminer à coup sûr le village de provenance des indigènes... Quel festival de couleurs, de motifs et de rafinements vestimentaires, qui nous manque cruellement... Sur les photos ont voit des demoiselles de San Lorenzo Zincantan et une jeune fille avec son Frère, cousin, ou neveu, que sais-je, de Chamula.
Le CHIAPAS, vous savez le coin perdu d'où le Sous-Commandant MARCOS et les hommes de l'EZLN sont partis pour leur marche pour le respect des droits des Indiens? Et bien le Chiapas est peuplé en grande partie de descendants des Mayas. Les Tzotzils, Nahuatls, et les nombreux autres), vivaient encore il y a quelques années comme il y a 500 ans, isolés et oubliés du reste du pays. Ils forment environ 60 % de la population de cet état dont les richesses ( hydro-électricité notament) leur sont étrangères: L'arrivée de réfugiés du Guatémala marginalisa encore plus cette population aux traditions vivaces, à la religion si particulière. (J'y reviens , c'est assez pitoresque.)
La scolarisation gagne dun terrain, les jeunes parlent de + en + espagnol, mais les bases de l'économie restent l'agriculture et l'artisanat. A 17 ans, une charmante jeune femme qui m'a confectionné un bracelet à mon nom (Cristobalito) portait déjà son enfant dans le dos ! Ça laisse rêveur, non...
Le tourisme consistue aussi une source de revenue appréciable : San Cristobal de Las Casas est envahis de Gringos, d'Européens, et autres Australiens en vacances, et aussi d'Indiens venus des villages avoisinants pour écouler leur marchandises : les uns courants après les autres qui, lassés, tentent de les éviter. (On est loin des Souks marocains avant l'Aïd El Kebir, je vous rassure, les Indiens font preuve d'une certaine réserve en général.)
Le tourisme ethonologique attire les foules, qui se déversent par bus entier dans les villages voisins de San Juan Chamula (St Jean de la Mule Morte en un mix d'espagnol, parce que les mules n'existaient pas avant l'arrivée des Conquistadors !, et de la langue locale, le tzotzil) et San Lorenzo Zincantan (St Laurent des Chauves-Souris), envahissants les marchés, les places publiques et les églises, déjà bien fréquentés en cette période de Semaine Sainte.
Les Indiens se livrent en effet à une forme de religion assez originale, mettant en oeuvre un synchrétisme religieux créatifs : Puisque les Conquistadors ont détruit les temples mayas, leurs ancêtres, et utilisé les pierres pour construirent les églises, alors les églises sont devenues les nouveaux lieux de culte. Logique, non ? Ni banc, ni confessionnal, mais des aiguilles de pins par terre et des fumées d'encens et autres produits, des chants et des prières, des bavardages aussi, et des tonnes de touristes qui se retiennent pour ne pas prendre de photos, c'est très mal vu, voire dangereux dans les églises.
Les rituels de Hommes (ou Femmes)-Médecine se déroulent toujours de la même façon, durant entre 1/2 H et 1H, avec des palmodies en langue locale, des oeufs que l'ont passent autour des participants, des branches qu'on brûle, poulet vivant, au moins au début de la cérémonie, ensuite on lui rompt le cou, une boisson alcoolisée locale, avantageusement remplacée par du Coca Cola ou du Pepsi, ou tout autre boisson gazeuse, l'idée étant de faire rôter pour chasser les mauvais esprits du corps des participants. Participants nombreux ou juste 2, le demandeur et l'Homme-médecine, peut importe, à la fin de la cérémonie, le voeu s'exhauce : retour à la santé (j'en aurais bien besoin avec mon dos qui me joue des tours et me prive de surf en ce moment...), retour du travail, de l'être aimé, etc...
Et tout ça sous les yeux de hordes de touristes, tolérés, acceptés, voire désirés (?) parce qu'acheteurs potentiels de produits artisanaux confectionnés dans les villages, et de ce fait contributeurs du revenu des populations locales.
Si Paris vaut bien une messe, comme le disait notre bon vieux Henri IV, la survie et le confort matériel valent certainement bien l'inconfort visuel et auditif de groupes de vacanciers curieux de cultures exotiques... Curiosité ethnologique ou voyeurisme, à vous de décider...
Pour ma part, je suis sorti assez rapidement de l'église, en voyant un prêtre (tiens, on m'avais dit que le dernier avait été chassé il y a quelques siècles déjà ?...) procéder à ce qui ressemblait à un bâptême. Que dirais-je si une horde de Japonais se mettaient à tourner autour de nous au cours de la cérémonie de baptême d'un neveux ou d'un cousin ? Donc j'ai préféré visiter le marcher, où les costumes sont aussi chatoyants , sans la fumée et l'encens de l'église...

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